Pourquoi est-on accro à l'information au travail ? - AFAM #63

Pourquoi est-on accro à l'information au travail ? - AFAM #63
Photo by Brett Jordan / Unsplash

Vous êtes au soleil, en train de profiter de vacances bien méritées.

Soudain, l'écran de votre téléphone, posé à côté de vous, s'allume. Une notification de mail s'affiche.

Votre équipe continue de travailler. Vous savez qu'il peut s'agir d'une urgence. Mais vous résistez et continuez de vous prélasser.

Pourtant, vous ne faites qu'y penser, et après quelques instants, la tentation est trop forte : il FAUT que vous sachiez ce qu'il en est.

Et vous voilà happé par ce mail - et tous les autres en attente. Fini la relaxation, vous êtes à nouveau dans le jus. Et vous vous en voulez...

Mais pourquoi avons-nous un rapport aussi viscéral et irrésistible à l'information ?

Figurez-vous que des neuroscientifiques et des paléoanthropologues se sont penchés sur le sujet.

Leur conclusion : ce n'est pas qu'une question de volonté.

Nous sommes accros à l'information pour 2 raisons : la survie et le pouvoir.

À la fin, on vous donnera quelques astuces à tester dès aujourd'hui.

C'est parti !

L'information, c'est la survie

La manière dont notre cerveau fonctionne est issue de conditions de vie radicalement différentes des nôtres aujourd'hui.

Quand nos enjeux du quotidien étaient les prédateurs qui voulaient nous croquer, des tribus ennemies prêtes à en découdre ou le manque permanent d'eau, de nourriture et d'abri, notre rapport à l'information était bien différent.

Le moindre bruit, le moindre mouvement, la moindre lumière était une question de vie ou de mort.

Notre cerveau est le fruit de cette adaptation. Et ça, les géants de la Tech l'ont bien compris.

Les notifications et les sons, vibrations et pastilles rouges associées, font appel à ces parties profondes de notre cerveau.

Face à ces signaux liés à la survie, notre volonté et notre motivation tombent en miettes.

Et le pire, c'est que quand on regarde la notification et qu'on découvre une information cruciale, qu'elle soit positive (une promotion au boulot, un devis validé...) ou négative (une candidature non-retenue, une mauvaise nouvelle de votre équipe sur un projet...), le mécanisme se renforce.

"Tu vois, nous dit le cerveau, tu as bien fait de regarder ton téléphone. Cette information est vraiment importante, il n'aurait vraiment pas fallu passer à côté."

La prochaine fois que votre téléphone bipera, vous vous souviendrez - plus ou moins consciemment - de ces messages importants que vous avez reçus par le passé et vous ne pourrez pas y résister.

Le problème, c'est quand ces distractions et ce "multi-tasking" interfère avec votre capacité à vous déconnecter pour recharger les batteries.

Ce mécanisme fonctionne aussi pour les likes et commentaires sur les réseaux sociaux ou le tchat de l'entreprise : la validation sociale était une nécessité à l'époque des tribus.

Ce qui nous mène à notre deuxième point.

L'information, c'est le pouvoir

Nos ancêtres humains vivaient en petits groupes, dans la nature.

La concurrence pour les ressources était rude et ces émotions fortes menaient inévitablement au conflit.

Une fois de plus, des informations sur des sources de nourriture ou des abris stratégiques étaient la clé de la survie et leur connaissance devait rester secrète.

Aujourd'hui, ces tendances tribales sont toujours en nous.

Certes, l'eau, la nourriture et les abris ne sont généralement plus un problème.

Mais les informations vraiment pertinentes restent une denrée rare. Une fois qu'on en obtient, on n'a pas vraiment envie de les partager.

"Le vrai pouvoir, c'est la connaissance" disait le philosophe Francis Bacon il y a 300 ans déjà.

Ce mécanisme est à l'origine des silos organisationnels. Vous pouvez voir les Business Units comme des petites tribus en concurrence pour obtenir des ressources stratégiques clé : des informations.

Quand ces émotions sont déclenchées, notre intérêt particulier prime au détriment de l'intérêt général de l'organisation.

Et c'est normal : à l'époque des tribus, c'était l'intérêt de notre groupe qui primait car sa survie en dépendait.

Pour changer, il faut d'abord comprendre notre fonctionnement "naturel", notamment les biais cognitifs qui peuvent nous jouer des tours.

Ce n'est qu'une fois cette prise de conscience faite qu'on peut implémenter de nouvelles habitudes vertueuses pour rendre nos comportements bénéfiques, à la fois pour nous-mêmes, nos collègues et notre organisation.


En conclusion, notre rapport souvent irrationnel s'explique par le contexte hostile dans lequel nous avons évolué depuis plusieurs centaines de milliers d'années.

Notre espèce a progressé tellement vite que beaucoup de réflexes autrefois utiles à notre survie sont devenus archaïques et contre-productifs.

Mais notre force, c'est notre capacité à nous adapter, à changer, à nous transformer.

Voici quelques astuces pour vous aider à reprendre le contrôle :

  • couper ses notifications et ranger son téléphone hors de votre vue
  • ne pas laisser s'accumuler les onglets sur son navigateur internet
  • prévoir des moments dédiés dans la journée pour regarder ses mails et ses réseaux
  • faire des pauses régulières sans téléphone

C'est tout pour cette semaine,

Prenez soin de vous !

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À la semaine prochaine !

Baptiste