Cultiver l'apprentissage dans un contexte incertain

Dès notre plus jeune âge, le système éducatif nous façonne à devenir de "bons élèves".

On récompense le fait de donner la bonne réponse, plutôt que la créativité des questionnements et la capacité à apprendre de nos erreurs.

Si cette approche peut mener à une certaine réussite académique, elle peut se révéler contre-productive dans le monde de l'entreprise, où cette posture du "bon élève" peut favoriser une attitude conformiste et l'émergence du syndrome de l'imposteur.

Car contrairement à l'école, où l'incertitude est minimale, l'entreprise évolue dans un contexte d'incertitude élevée, où les échecs, inévitables, constituent une source riche d'apprentissages, d'ajustements et de progrès.

Dans ce cadre, cultiver la sécurité psychologique des équipes devient essentiel.

Amy Edmondson définit ainsi la sécurité psychologique :

"La croyance qu'on ne sera pas puni ou humilié pour avoir exprimé ses idées, questions, préoccupations, ou erreurs."

C'est dans un tel environnement que les membres d'une équipe peuvent s'engager dans un processus d'apprentissage actif, libérés de cette posture de bon élève et plus à l'aise face à l'échec.

Développer sa résilience en se libérant de la peur de l'échec

Réservez-vous 15 minutes, chaque semaine ou chaque mois, pour faire le point.

Cet exercice, réalisable en solo, puis avec votre équipe, permet de mettre en lumière ses apprentissages, et donc de favoriser l'innovation et la prise de risque dans un cadre sécurisé.

Voici 5 questions qui peuvent guider cette réflexion.

1) Quelles sont mes victoires récentes et à quoi sont-elles dues ?

Commencer par célébrer les victoires est essentiel : parfois, vivre un échec peut masquer ses réussites, car le cerveau se focalise davantage sur le négatif.

Les feedbacks positifs permettent de cultiver la reconnaissance dans son équipe, élément crucial de la sécurité psychologique.

Enfin, réfléchir aux causes des victoires permet de comprendre les processus qui les ont amenées, et comment les reproduire pour la suite.

2) Quelles erreurs ai-je pu commettre et qu'est-ce que j'en ai appris ?

C'est en dédramatisant l'erreur qu'on peut l'envisager comme un levier d'apprentissage.

Admettre ses erreurs, et montrer l'exemple en tant que manager, permet d'utiliser sa vulnérabilité comme levier d'innovation, de confiance et de performance.

Cet exercice aide à devenir plus résilient. Analyser ses erreurs aide à identifier ce qui n'a pas fonctionné mais aussi les ajustements nécessaires pour éviter de les répéter.

Cette démarche, pratiquée dans un environnement de sécurité psychologique, transforme l'erreur en une opportunité de progression.

3) Est-ce que j'ai eu l'occasion d'élargir ma zone de confort ?

Les plus grandes opportunités d'apprendre résident souvent dans l'inconnu et l'incertain.

Le dépassement de soi est un moteur puissant d'apprentissage. Se confronter volontairement à des situations inconnues ou inconfortables favorise le développement de nouvelles compétences et la découverte de perspectives nouvelles.

Cela implique de prendre des risques calculés, d'explorer de nouvelles idées et de remettre en question ses propres limites.

Une telle démarche, encouragée et soutenue par l'équipe, crée une dynamique d'apprentissage et un soutien collectifs.

4) Sur quel point j'aimerais progresser sur le mois qui arrive ?

Se fixer des objectifs d'apprentissage stimule l'innovation personnelle et collective.

Dans un contexte de surcharge informationnelle, des objectifs clairs permettent de canaliser notre énergie et de structurer notre parcours d'apprentissage.

Cet objectif peut être l'acquisition d'une nouvelle compétence, l'amélioration d'une pratique existante ou l'exploration d'un nouveau domaine.

Le partager aux autres permet de s'engager pour rester motivé, tout en favorisant l'entraide et la collaboration.

5) Quel est mon plan d'action pour m'assurer d'apprendre en continu ?

Au-delà des intentions, il faut prendre le temps de mettre en place ces apprentissages dans son quotidien.

Élaborer un plan d'action concret nécessite de penser aux méthodes, aux ressources et au temps que nous sommes prêts à investir.

Cela peut impliquer la planification de sessions de formation, la participation à des projets transversaux, ou encore la mise en place de rituels d'échange de connaissances au sein de l'équipe.

Cette approche structurée garantit que l'apprentissage reste une priorité et se traduit par des actions tangibles et mesurables, renforçant ainsi la culture de l'apprentissage dans son équipe.

Conclusion

En plaçant la sécurité psychologique au cœur de notre démarche, nous transformons le travail en un terrain d'expérimentation, où l'incertitude devient le terreau de l'innovation.

L'échec devient une opportunité d'apprendre, sur soi, son équipe, et sur l'environnement dans lequel évolue l'entreprise.

Cultiver l'apprentissage en favorisant la sécurité psychologique, c'est la recette pour créer une équipe apprenante et résiliente.

Le but est de changer d'état d'esprit : dépasser son perfectionnisme, dompter son syndrome de l'imposteur et laisser à chacun l'opportunité de s'épanouir pleinement.

En incarnant vous-même ces principes en tant que manager, vous posez les bases d'une équipe apprenante, innovante et résiliente face à l'incertitude.

On ne peut pas faire juste à tous les coups.

Être résilient, c'est être bon perdant.

C'est tout pour cette semaine !

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À la semaine prochaine !

Baptiste.